Réflexions sur la démocratie …

Dans les prochaines semaines, la « nation » est de nouveau appelée aux urnes. Peu importe qui en sortira vainqueur, la démocratie, elle, sera perdante. Nous ne pouvons pas parler de démocratie à l’heure actuelle, car elle n’est que l’expression du citoyen à travers le choix d’un représentant. Pour être exact, il faut parler de régime représentatif. Parler de démocratie représentative est un oxymore : c’est autour de cette idée que va s’articuler cet article.

Aux origines du système institutionnel

La démocratie représentative a pour origine une construction historique faussée, puisque les premiers dirigeants qui ont pris le pouvoir lors des établissements de ces régimes se défendaient de laisser « le pouvoir au peuple »¹. Cela n’a pas évolué comme l’illustre le fonctionnement actuel, à savoir qu’une minorité décide toujours pour le reste de la population. La promesse démocratique du « pouvoir au peuple » n’est donc bien qu’une fumisterie. En témoignent les abus et dénis de « démocratie » comme par exemple : le non au traité de Lisbonne lors du référendum de 2005² ou encore le non respect des promesses électorales de nombreux élus. Comme on dit : « Les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».

Une autre possibilité pour une véritable démocratie

La démocratie directe est un outil qui permet au mieux l’expression de l’ensemble des individus qui l’utilisent grâce à l’assemblée. Si des délégués sont élus, ils le sont en étant révocables – par les individus qui les ont élus – à tout moment. L’assemblée n’a ni chef, ni hiérarchie : tous y sont égaux. La démocratie directe n’existe que lorsque
l’égalité est de mise. Ici, lorsqu’on parle d’égalité, ce n’est pas un slogan républicain. Par égalité, nous entendons :
– L’égalité sociale, qui est l’abolition du système de domination pour une égale considération de toutes et tous sans rapports hiérarchiques ;
– L’égalité politique, qui est la faculté pour tous de participer à la gestion quotidienne de la vie collective ;
– L’égalité économique, qui est une égale redistribution des richesses entre toutes et tous.
Les trois sont interdépendantes et indispensables pour éviter d’aboutir à un simulacre de démocratie directe. La démocratie directe est au final la forme la plus évoluée du débat et permet de faire réellement société.

Multiplier les espaces et les acteurs démocratiques

Dans nos vies, nous n’avons aucune prise sur le réel, aucune prise sur les choses qui se passent autour de nous. Ce sont les politiciens qui régissent nos vies. Refusons les « professionnels de la politique », ceux désirant parler à notre place puisqu’« ils savent mieux que nous » et les récupérateurs de tous azimuts. Si le rejet des politiciens est une bonne chose, la politique est importante. Du moins, dans son sens originel qui signifie comment régir la « vie de la cité ». Ce faisant, multiplions les assemblées : que ce soit au travail, dans nos quartiers, nos lieux d’activités, etc. Ce qui nous permettra ensemble de prendre les décisions collectivement sur toutes les questions qui nous concernent. L’enjeu est de taille, puisque l’établissement de la démocratie directe constitue les fondations d’une société future, sans domination ni rapport hiérarchique.

Ne participons plus à la mascarade électorale, puisqu’en ce faisant nous la légitimons. Ne nous résignons pas en élisant des chefs ou partis. En attendant l’autogestion, développons notre propre force par l’organisation collective et la démocratie directe afin de voir l’Anarchie triompher.


1. Le corédacteur de la Constitution française Emmanuel-Joseph Sieyès oppose le gouvernement représentatif à la démocratie – qu’il rejette – dans son discours du 7 septembre 1789. Il dit notamment : « La France ne doit pas être une démocratie, mais un régime représentatif. […] D’abord, la très grande pluralité de nos concitoyens n’a ni assez d’instruction, ni assez de loisir, pour vouloir s’occuper directement des lois qui doivent gouverner la France ; ils doivent donc se borner à se nommer des représentants. » (Chapitre « Sur l’organisation du pouvoir législatif et la sanction royale » François Furet et Ran Halévi, Les Orateurs de la Révolution française, t. I : Les Constituants, Paris, Gallimard.
2. En 2005, un référendum français a eu lieu sur le traité établissant une constitution pour l’Europe. Le « non » y recueille 54,68 % des suffrages exprimés. Le contenu du traité est néanmoins appliqué par le traité de Lisbonne en 2008, sans nouveau référendum, simplement par l’aval du parlement.