Autogestion des lieux d’études

Nous nous appuierons sur l’exemple des lycées autogérés de Paris (LAP) et de Saint-Nazaire qui tentent d’adopter un fonctionnement proche de l’autogestion des lieux d’études.
Cependant leur fonctionnement autogéré est limité car ils sont dans une société autoritaire. Par exemple, les étudiants du LAP sont obligés d’aller en cours les après-midi d’AG, De plus, les cours continuent d’opposer une personne « éclairée qui a la connaissance » à des personnes « ignorantes ». Au lieu de voir l’échange de connaissances comme un échange réciproque. Nous tenons à préciser que cette article ne relève que les aspects qui nous séduisent dans leur approche autogestionnaire.

C’est notre lycée, on décide

Dans un lycée autogéré, on participe tous à la vie de l’établissement. Les décisions sont votées par les élèves et les professeurs, chacun possédant une voix. Au LAP, des groupes de base constitués d’une douzaine d’individus, classes et niveaux confondus, se réunissent chaque semaine. Chaque groupe a le même ordre du jour et à l’issue de ces réunions, deux personnes de chaque groupe participent à une réunion générale afin de réunir les avis exprimés. Ces personnes sont des volontaires qui reçoivent l’aval du groupe. Elles sont révocables à tout instant (si elle venaient à ne pas respecter ce qui a été décidé collectivement) et ne prennent pas de décisions. On n’apprend plus à être obéissant et docile, mais à argumenter, écouter, décider…

Chacun son rythme

« Dans le classique, tous les élèves n’ont pas les mêmes besoins et pourtant ils ont tous les mêmes cours. Il n’y a aucune individualisation. Ici, chacun trouve son rythme », jeune du LAP. Il n’y a pas de sonneries, la présence en cours n’est pas obligatoire, les élèves qui viennent le font de leur plein gré. Si on a besoin de rattraper une matière ou si on a envie d’aller plus loin, on peut suivre les cours des classes supérieures ou inférieures. On est aussi libre de quitter le cours si on le souhaite. Les élèves qui viennent sont motivés ; les cours avancent donc plus rapidement car les profs ne perdent plus de temps à réprimer ceux qui s’emmerdent et veulent faire autre chose.

Les élèves profitent de leur liberté retrouvée. L’autogestion des lieux d’études offre du temps pour réfléchir à son avenir et au sens que l’on veut donner à ce que l’on fait ou fera, et permet de découvrir d’autres activités que le travail purement scolaire. Passer son bac n’est pas plus obligatoire que d’aller en cours. Car l’autogestion, c’est aussi laisser le choix et la responsabilité aux individus de décider de leur avenir. Certains n’ont pas le « projet bac », soit parce qu’ils n’en voient pas l’utilité, soit parce qu’ils ne lui reconnaissent pas de valeur. « Je ne veux pas perdre mon temps à bachoter et je préfère me concentrer sur des sujets qui m’intéressent plus ». D’autres se décident en cours de route car le bac se passe sans conditions d’âge ou de diplôme et peut être repassé autant de fois que l’on souhaite en candidat libre.

Sans autorité

Le tutoiement entre tous est de rigueur, les tables sont en cercle et le prof n’est jamais juché sur une estrade mais navigue dans le même espace que les élèves. Les rapports de domination n’existent plus, la transmission du savoir est donc comme un don.
Les notes ont disparu pour ne pas mettre en échec. Les études sont faites pour apprendre, ce n’est pas grave de se tromper ! Nous pourrions décider de fonctionner avec des appréciations, des évaluations continues, de l’auto-évaluation ou de carrément supprimer les évaluations. C’est à décider collectivement !

« Presque tout est fait en interne »

Au LAP il existe différentes commissions. Les commissions sont constituées de professeurs et d’élèves de tous niveaux ; ce sont eux qui choisissent la commission à laquelle ils veulent participer. La commission accueil discute des demandes reçues de visites d’étudiants, de journalistes ou de chercheurs, la commission cafétéria gère les commandes de la semaine, la commission informatique répare les ordinateurs, la commission entretien répare ce qui doit l’être, etc. Presque tout est fait en interne mur à bâtir, plâtre à refaire, fuites d’eau à réparer…. « On s’efforce de travailler avec un petit budget donc on fait pas mal de récupération. Cela permet de garder un peu d’argent destiné à l’entretien pour financer une partie des projets et permettre aux élèves de voyager ». Cela permet également d’acquérir des connaissances utiles, pratiques et non dispensées dans les autres lycées.

« C’est un lycée et en fait, je suis épanouie, contente de venir ici. »

Pour que les lieux d’études ne soient plus des prisons, sinon des lieux d’épanouissement personnel et intellectuel. Pour que se lever le matin ne soit plus une corvée, mais pour qu’on ait hâte d’aller apprendre.

Ça fait rêver n’est-ce-pas ?
Concrètement, on commence par quoi ?

Il faut savoir que plus nous serons nombreux à vouloir organiser les lieux d’études de cette façon, plus ce sera simple et rapide d’y parvenir. C’est pourquoi il est important d’en parler autour de soi afin de convaincre ses camarades (bouche à oreille, tracts, pancartes…).
Nous proposons d’appliquer directement les principes de l’autogestion des lieux d’études. C’est à dire s’organiser pour décider collectivement, refuser les punitions, trouver son rythme, choisir ses cours, libérer du temps (pour aller en manif par exemple)… Rendons l’administration obsolète et elle sera vite débordée.

Le futur est à nous, ne laissons pas les anciens perpétuer les inégalités, les injustices et détruire la planète.