Loin de renvoyer à l’anomie (dans sa définition négative, de perte d’ordre moral/social), l’anarchie renvoie historiquement à la négation du pouvoir. Une question primordiale s’impose donc inévitablement aux militants et sympathisants anarchistes : qu’est-ce que le pouvoir, et comment l’identifier ?
Des réflexions contemporaines nous invitent à emprunter cette voie, comme celle de George Balandier. Fils de cheminot et sociologue, il a vécu parmi les ethnies Fang (Cameroun/Guinée) et Ba-Kongo (Congo/Angola) durant la décolonisation des années 50. Fort de cette expérience, il a d’abord mené une réflexion sur le pouvoir colonial pour ensuite élargir son interrogation sur la nature et les expressions du pouvoir : quelles sont ses conclusions ?
Le politique (« polity » ) est le mode de gouvernement qui repose fondamentalement sur l’autorité, en tant que capacité à contraindre autrui selon sa volonté (K. Marx). Cette contrainte, avant d’être physique, est idéologique (M. Weber) : le pouvoir politique se légitime lui-même, mais s’appuie surtout sur d’autres registres tels que la religion, l’économie, la parenté (M. Bakounine)… Le pouvoir politique repose donc sur un dogme inégalitaire, qui s’autolégitime à tel point qu’il crée ses propres espaces de contestations (M. Gluckman).
Que peut-on conclure ?
On peut interpréter l’œuvre de G. Balandier comme une démonstration sur la nature du pouvoir (politique) : il est fondamentalement inégalitaire, et il s’autolégitime grâce à la religion, la parenté, l’économie… Ainsi, la négation de ce(s) pouvoir(s) est un premier pas, si ce n’est une condition fondamentale à la réalisation du projet socialiste « originel » (XVIII/XIXe).
Sous ces nouvelles lumières, je réaffirme haut et fort la légitimité des principes libertaires d’antiréformisme, d’athéisme, d’autogestion, d’organisation sociale dite minimale, etc. … principes nécessaires à l’égalité, à la dignité humaine.
Pépito