Suite à la saisie de nos écrits militants samedi 26 janvier en marge du mouvement des gilets jaunes et suite à notre communiqué, certains compagnons et sympathisants nous ont conseillé de porter plainte. Une avocate a même proposé de nous offrir ses services. Cependant nous y sommes opposés. Nous écrivons cette brève pour expliquer pourquoi nous ne porterons pas plainte.
On pourrait d’abord commencer par se poser la question à l’envers : pourquoi porterions-nous plainte ? Nous exigerions d’abord qu’on nous rende ou qu’on nous rembourse nos écrits. Ensuite, nous demanderions que ce geste, voler sans raison nos écrits, ne reste pas impuni. En effet, nous savons que ce n’est pas le premier cas de censure en marge du mouvement des gilets jaunes et cela doit cesser. Enfin, nous pourrions en profiter pour faire du bruit et propager les idées libertaires.
Mais si nous regardons les frais d’impression, nous en avons pour moins de 100 euros. Même si cela représente plusieurs dizaines d’euros, cela reste négligeable face aux frais de justice. C’est peut-être d’ailleurs le raisonnement qu’ont fait ceux qui nous ont censurés.
Concernant la confiscation, nous n’avons rien à nous reprocher car nos écrits étaient dans un sac et que nous assumons ce que nous écrivons. Nous pourrions également demander les vidéos de surveillance comme preuve, car nous savons très bien que le centre ville de Toulouse est rempli de caméras qui nous épient. Moudenc se ventait récemment d’en avoir installé plus de 350 dans la ville. Cependant, malgré ces points en notre faveur, nous estimons que nous n’avons aucune chance.
Nous irions demander des comptes à la justice bourgeoise ? Celle à deux vitesses ? Celle qui condamne les faibles et celle qui légitime les exploitations en défendant la propriété privée ? Celle qui condamne le sans-abri pour avoir volé dans un magasin et celle qui ferme les yeux sur le mafieux en costard ? Celle qui condamne à 1 an ferme celui qui vise un hélico avec un laser et celle qui défend ceux qui crèvent des yeux avec des LBD40 ? Le laser est dangereux pour l’œil, le flash-ball aussi !
Nous pensons que quoi qu’il arrive l’Etat défendra ses chiens. On sait aussi que les flics sont capables de harcèlement et de représailles envers ceux qui les dénoncent. Non, nous ne croyons pas en la justice telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Et puis, même si le délibéré nous était favorable, nous n’avons pas le temps de l’attendre. Enfin, si nous l’attendons et si après 8 ans nous obtenons gain de cause, en quoi cela aura-t-il fait avancer la lutte ou affaibli l’Etat ?
Il s’agirait aussi pour nous d’un problème de cohérence car nous nous opposons à l’Etat et ses institutions. Nous n’allons pas maintenant nous faire passer pour des citoyens modèles et irréprochables. Nous ne souhaitons pas communiquer avec les Etats et leurs organismes car nous ne les considérons pas comme légitimes. En effet, l’Etat représente l’autorité politique. Il permet et favorise qu’une minorité s’accapare le pouvoir pour décider à notre place par le biais du mensonge, de la manipulation et de promesses non tenues.¹
Enfin, nous irions réclamer plus de liberté d’expression ? Plus de liberté de la presse ? Ce ne serait pas cohérent car « nous n’acceptons pas que l’on puisse diviser la liberté en catégories séparées et marchandisées, la liberté ne se conjugue pas, ne se négocie pas, ne s’achète pas ni ne se troque, elle est totale et indivisible ou elle n’est pas, comme l’individu. »².
Nous ne trahirons pas nos principes : ne pas parler aux flics, aux préfets, ne pas négocier avec l’État… Mort à l’Etat et ses engeances. À bas la justice bourgeoise.
Face à la répression : defensecollectivetoulouse.noblogs.org
Si vous êtes témoins d’une arrestation ou avez des proches arrêtés ; appelez la legal team. Legal team : 07-58-25-22-19 (ne jamais parler de faits au téléphone)
1. Pour en savoir plus sur ce sujet, nous vous proposons « L’anarchie » d’Errico Malatesta.
2. Extrait de Aviv Etrebilal « Mythe, nationalisme et politique : analyse de quelques outils de domination » paru en janvier 2011.