Étant donné l’impossibilité, de par la nature de la doctrine libertaire, de supposer des individus s’en réclamant, l’obéissance à un nombre de principes de base,
Étant donné la nécessité, pour ces individus, de ne pas se référer au seul principe, obligatoirement vague, du droit primordial pour un être humain, à jouir de la plus complète liberté, principe d’ailleurs dangereux dans son application à la société actuelle, où la notion d’individualisme s’efface nécessairement devant celle du collectivisme,
Étant donné surtout l’obligation faite aux anarchistes de vivre et de se déterminer dans une société dont les us, bases et lois sont à l’opposé de nos aspirations, ce qui produit une dualité continuelle entre, d’une part les prises de position et actes nécessaires au déroulement normal de la vie, et, d’autre part, le désir constant de ne pas trahir l’idéal qu’il s’est choisi.L’existence de cette dualité amenant d’ailleurs souvent l’anarchiste à une neutralité d’action, sinon de sentiments, en face de certains problèmes se posant actuellement.
Ceci au dépend de la possibilité de pénétration de l’idéal anarchiste parmi l’ensemble des individus, s’il est vrai que la concrétisation d’une doctrine en prises de position et en actes, est le meilleur moyen de rendre digne d’intérêt aux yeux de ceux qu’elle aspire à influencer.
Il semble donc opportun de rechercher et d’exprimer certains principes de base, peu nombreux, mais couvrants dans leurs applications le plus grand éventail possible de cas de toute nature se posant dans les rapports entre individus.
Ces principes devraient se garder d’un purisme absolu, afin que leur matérialisation soit toujours possible et puisse ainsi permettre à l’individu s’en réclamant, de prendre une position active dans les problèmes qu’il peut être amené à se poser.
Certain idéalisme passé n’amenant en effet qu’a une inaction peu payante en matière de pénétration d’idée dans un auditoire réticent.
Peut-être les anarchistes pourront-ils alors dépasser le cadre de la critique systématique et facile, et par des actes constructifs, donner aux masses qu’il faudrait éduquer la certitude que les libertaires ne sont pas des des utopistes ou des semeurs de désordre.
Paul dans le bulletin de liaison n°23 – Décembre 1957