Depuis deux ans, nous sommes progressivement habitués à rencontrer des militaires équipés dans l’espace public, du centre-ville à la petite gare ferroviaire. L’opération Sentinelle, lancée en 2015 par le Ministère de la Défense, prévoit le déploiement annuel et constant de 10000 militaires sur l’ensemble du territoire métropolitain. La métropole est donc devenue le premier territoire d’intervention de l’armée française, à cela s’ajoute les entreprises de sous-traitance, la police, … dont les effectifs ne cessent d’augmenter depuis le plan Vigipirate adopté en 1978.
Concrètement, la plupart des gens sont déjà accoutumés à leur présence. Les individus qui questionnent cette présence sont vite taxés de « déviants » ayant des choses à cacher. Les Jeunes Libertaires assumons notre déviance liée à l’utilisation inconditionnelle de notre esprit critique, et attendons fermement un rapport détaillant l’efficacité réelle de la centaine de lois sécuritaires adoptées depuis les années 70.
Outre cette présence pour le moins inquiétante, nous constatons un ensemble de pratiques liberticides résumées par le bilan de l’état d’urgence (débuté en novembre 2015) en avril 2016 : interdiction de séjour, interdiction et répression des manifestations publiques collectives, 4 fermetures de lieux de réunion, 362 garde à vue, 392 assignations à résidence (dont des écologistes), 418 interpellations, 3567 perquisitions … A noter que les infractions terroristes concernent 9 de ces perquisitions.
Si ces chiffres vous interpellent, c’est que vous êtes lucides. Les dérives précédemment citées sont permises par l’état d’urgence, car son contenu admet la présomption de culpabilité au détriment de la présomption de l’innocence portée par le droit commun. Les mesures sont prises par les autorités administratives : préfet, ministre de l’intérieur … L’autorité judiciaire, composée des tribunaux, n’est consultée qu’une fois les mesures liberticides appliquées. Ainsi, un de nos compagnons s’est vu assigné à résidence sans enquête préalable et sans possibilité de recours immédiat.
« Police and thieves in the streets (Oh yeah!)
Scaring the nation with their guns and ammunition
Police and thieves in the street (Oh yeah!)
Fighting the nation with their guns and ammunition »
(Police and Thieves, The Clash)
On ne peut que constater, à l’instar des comités d’évaluation de l’état d’urgence, que ce dernier est inutile. Pourtant, il a été reconduit pas moins de 7 fois et aujourd’hui on le remplace par une nouvelle loi anti-terroriste. Au programme : Pour les assignations à domicile, les personnes soupçonnées de terrorisme (dont on pourra surêment accuser certains participants aux mouvements sociaux ou écologistes comme lors de la COP21 lors de l’état d’urgence) pourront être consignées chez elles, sans feu vert judiciaire, avec obligation de pointer une fois par jour au commissariat. Le texte autorise également les policiers à fouiller individus, bagages ou voitures, sans permission d’un juge. Enfin, la police pourra exploiter des éventuelles saisies d’ordinateurs, de téléphones et des données numériques copiées, et nous en passons. C’est une pérennisation de l’état d’urgence pour qu’il devienne permanent ; le transfert progressif des pouvoirs de la justice vers le pouvoir exécutif.
Les Jeunes Libertaires doutons que cette loi soit un jour supprimée par les politicards : elle leur permet de frapper des individus et groupes sur la base de la présomption. A terme, la lecture de ces passages pourrait faire de toi un suspect potentiel, ciblé par la police ou l’armée. C’est donc aujourd’hui que la lutte doit être menée, avant qu’il ne soit trop tard !